Coronavirus : quand la faible population de la Lozère devient une force


Coronavirus – Covid 19, Occitanie – La Dépêche

Publié le 22/04/2020 à 10:30

Face au Covid-19, la faible population de la Lozère, dispersée dans les montagnes du département le moins peuplé de France métropolitaine, s’est révélée une force malgré un pourcentage élevé – près de 30% – de personnes de plus de 60 ans. 

Officiellement, la Lozère est l’un des deux seuls départements français, avec le Cantal voisin, à n’avoir enregistré aucun décès dû au nouveau coronavirus, selon les agences régionales de santé. Deux décès dans deux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) pourraient être liés au coronavirus mais les personnes concernées n’ont pas été testées et n’entrent donc pas dans les statistiques. 

Ce département de 77.000 habitants aurait-il trouvé une méthode miracle pour se préserver? 
« On nous fait une publicité qui peut être trompeuse », souligne auprès de l’AFP le seul député lozérien Pierre Morel à l’Huissier (UDI et indépendants). « Il n’y a pas eu une virologie importante dans ce département, tout simplement parce qu’on est à 15 habitants au km2 (…) donc une population excessivement dispersée », poursuit-il. A Paris, 20.000 habitants vivent en moyenne sur un kilomètre carré, une densité plus importante que certaines métropoles asiatiques. 

Si la population est âgée, parmi la trentaine de maisons de retraite lozériennes ou les foyers pour handicapés, aucun n’a pour le moment été touché par un phénomène massif et meurtrier de contagion. Notamment, selon M. Morel, parce qu’en Lozère, ces structures sont « à taille humaine – de 40 à 60 lits – et à but non lucratif ». « C’est un territoire où les personnes âgées sont en grand nombre et la vie sociale prend déjà cette donnée en compte », relève le colonel Philippe Trinckquel, commandant le groupement de gendarmerie de Lozère. 

Droit d’aller au potager

A Sainte-Croix-Vallée française, village de quelque 300 habitants situé à 65 km au sud de Mende, le principal souci du maire Jean Hannart, a été d’obtenir quelques heures d’ouverture du bureau de poste, fermé unilatéralement depuis le début du confinement. « Beaucoup de mes concitoyens dépendent des minima sociaux et ne touchaient plus rien pour leurs dépenses courantes », explique le maire de ce village s’étirant de part et d’autre du Gardon, en contrebas d’une église romane de schiste du 11e siècle. 

Deux épiceries dont une bio se sont organisées pour ouvrir le matin et livrer dans l’après-midi des personnes âgées et isolées. Mais devant l’allongement des files d’attentes devant les deux boutiques de 40m2, le maire va également à nouveau autoriser un marché, dans la cour de l’école, afin de respecter des mesures barrière. « La population lozérienne n’est pas difficile à gérer: elle est plutôt dans le respect de la règle et c’est ce qu’on a observé depuis le confinement », relève le colonel Trinckquel.  

L’autoroute A75 menant en Lozère depuis Montpellier est quasi déserte. Dans le centre de Mende, le chef-lieu, peu de personnes circulent aux alentours de l’imposante cathédrale, restée ouverte.  
Sur la route tortueuse menant vers Florac (35 km au sud de Mende), on croise des randonneurs solitaires, des agriculteurs et toujours d’énormes camions d’exploitation forestière se conduisant plus que jamais en maîtres des chaussées.

Dans ce département profondément rural, « on ne fait pas la chasse à la personne qui a une forêt derrière chez elle et qui du coup irait un peu plus loin que le kilomètre prévu sans mettre en danger personne », précise le colonel Trinckquel. Les Lozériens ont également obtenu récemment le droit de se rendre seul à leur potager, même s’il se trouve à plusieurs kilomètres de leur domicile. Et M. Morel, député de la Lozère depuis 18 ans, profite du confinement pour vivre trois heures par jour une expérience nouvelle: « Je prends la fourche, nourris les vaches et apprends la réalité du travail agricole avec un jeune voisin ».  

La Rédaction avec AFP