Les Aînés à Mur-de-Barrez


Agitation dans Mur de Barrez ce mardi 20 Août :  un groupe d’Aînés passe la porte de Monaco, attentif aux paroles de Monsieur Jean-Pierre TRIN qui racontait  l’histoire de la ville.

A Mur-de-Barrez, l’habitat est attesté depuis l’époque préhistorique où les hommes venaient dans des carrières de silex. En 1246, la charte de « libertés, franchises et privilèges » signée  par Hugues comte de Rodez  affranchit  les habitants de Mur-de-Barrez, leur garantissant  un droit de propriété sur leurs maisons , magasins et jardins mais se réservant  le droit  d’acquérir ou d’attribuer «  uno parro » (terrain clos) pour en faire un « airal » (terrain constructible) moyennant un échange, une zone franche d’une largeur d’un trait d’arbalète est exempte d’impôt . Il est prévu que l’impôt est dû dans trois cas bien précis si le seigneur a besoin d’argent : mariage d’une fille (dot), départ outre-mer (croisades), caution pour le  libérer en cas d’emprisonnement, l’imposition  sera faite sans surcharge et de bonne foi, cette disposition particulière attire grand nombre de voyageurs qui s’installent, la ville est prospère, les foires d’importance durent deux jours. Il y a aussi une égalité entre tous les justiciables. Les auteurs de crimes (meurtres, viols, rapts, cambriolages, vols) sont  arrêtés et emprisonnés ou bannis à jamais, en cas d’adultère, l’homme et la femme sont condamnés également, exposés et promenés en chemise dans la ville, les mettant dans une situation humiliante.

Le comte de Rodez et Alcaëtte sa mère apposent leur sceau et jurent sur les Saints Evangiles de  garder et d’observer toutes ces coutumes.

Au XVème siècle, Bonne de Berry, la vicomtesse de Carlat fait encercler la ville par des murailles  (restent aujourd’hui les portes du Portal ou tour de Monaco, de l’Embergue et de la Berque)

Malgré les remparts, la ville est assiégée, pillée lors de la guerre de cent ans par les Anglais, puis plus tard  par les protestants. Henri IV ayant mis fin aux guerres de religion, fait détruire la forteresse afin qu’elle ne contribue plus à ces guerres fratricides. Louis XIII éleve la vicomté du Carladez en Comté et le donne à Honoré de Grimaldi pour se libérer de dettes. Une des premières choses qu’instaure Honoré de Grimaldi est le rétablissement des impôts, ô combien fut-il détesté ! Mur-de-Barrez reste propriété de Monaco jusqu’à la révolution.

Ces passages historiques revus, nous commençons la visite de Mur. La ville avait trois grandes rues : la rue des puits, la grand-rue et la rue de l’église. La rue des puits fut privatisée par les riverains, la rue de l’église fut surélevée afin dediminuer la déclivité qui menait à l’église. La rue principale offrait un autre dessin. A l’origine, elle était une large agora bordée d’échoppes et de commerces. Lors de la construction des remparts, il fut décidé de bâtir  un souterrain pour sortir de la ville ou prendre les assaillants à revers. Le sol basaltique ne permit pas de creuser, le souterrain fut édifié au milieu de la rue principale et les côtés furent recouverts, ce qui fait que les maisons perdirent leur rez-de-chaussée, en échange, une portion de la rue fut donnée en avant des façades pour construire sur la hauteur de la maison une nouvelle façade. Ceci est visible à l’intérieur d’un magasin de brocante dans la grand-rue, au sous-sol on voit le souterrain et les voûtes donnant sur la voie primitive. La maison des consuls (aujourd’hui la mairie) dont la façade renaissance est portée par une  galerie gothique alors qu’en arrière-plan nous observons des ouvertures de type roman, témoigne de l’évolution des techniques de construction et du droit à privatiser une partie de l’ancienne rue pour récupérer la surface originelle de la maison.

Nous entrons dans l’église où des bancs accueillants nous attendent, église remaniée au cours des siècles.

L’église fut bâtie entre 1180 et 1198 et fut consacrée à l’archevêque de Canterbury Thomas Becket et à Saint Blaise. Thomas Becket entra en conflit avec le roi Henri II d’Angleterre à propos de l’autorité régalienne sur les églises que le roi veut imposer, niant l’autorité papale.

Le roi au nom de l’égalité de tous devant la loi, ne voulut pas faire exception pour l’église, Thomas résista. La tension entre les deux était grande. Une phrase qu’aurait dite le roi Henri II « N’y aura-t-il personne pour me débarrasser de ce prêtre turbulent »  ne tomba dans l’oreille d’un sourd. Reginald Fitzurse accompagné de trois acolytes assassinèrent Thomas Becket près de l’autel dans la Cathédrale de Cantorbéry , Thomas devient alors un martyr de l’Eglise. Le tableau central du retable du chœur raconte cet épisode. L’église est de style roman que l’on distingue encore sur les piliers aux colonnes semi-engagées. Lors des guerres de cent ans, les voûtes brûlent, elles seront reconstruites en style gothique avec arcs brisés. La clé de voûte de la première travée est un gisant, guerrier en cotte de maille.

Puis lors des guerres de religion, les protestants tronquent le chevet de  l’église  pour installer des couleuvrines et arbalètes sur les remparts (vestiges visibles en passant derrière l’église, accès par le jardin de Marie). Au XVI siècle, la famille Barthélémy reconstruit le chœur avec 7 chapelles sur le pourtour, une seule perdure aujourd’hui.

Le mobilier actuel présente un retable dans le chœur et un autre provenant de la chapelle de la Corette installé dans la chapelle de Sainte Agnès, une croix de Pénitents avec les attributs de la  passion, un détail pittoresque raconté par notre guide : la main blanche de Pilate est noire à l’extérieur, Ponce Pilate s’était lavé les mains… après la sentence condamnant  Jésus à la crucifixion, une très belle Piéta. Il est en projet, la construction d’une vitrine pour exposer calices et ostensoirs et autres trésors.Le chœur était clos par une barrière qui  ferme  maintenant une des chapelles de la nef, une copie en a été refaite par un sculpteur de Rodez pour fermer le chœur qui est église d’hiver. D’abord consort puis chapitre, elle fut collégiale d’ou les stalles de miséricorde tout autour du chœur.

La visite terminée, les auditeurs s’en vinrent à la grange de Pleaux où Maurice, Henri, Maria accueillaient les convives.

Chacun trouva sa place, retrouva ses connaissances  et put à loisirs échanger les dernières nouvelles entre les chants, les musiques et les rires.

 

 

 

 

 

 

 

Le Président Maurice Burguière souhaita la bienvenue à tous, y associa tout son Conseil d’Administration, les remercia tous et  tout particulièrement Mimi, Suzon et Eliane qui avaient piloté le projet sans oublier l’entreprise Grialou et son personnel qui ont assuré la restauration et le service avec compétence et le sourire.

Le soir venu, chacun se sépara, en promettant bien de se retrouver l’an prochain entre Aînés de Paris ou d’ailleurs.

Marie Luxembourg, Août 2013

Le club des Aînés rouvrira ses portes le 20 septembre à 14 heures